TORRETON Philippe : Jacques à la guerre
Ce roman : un puzzle car Jacques raconte sa vie par fragments et sans ordre chronologique. Pourtant les pièces sont de la même matière, humaine, sensible, honnête, pudique, et sont faciles à assembler par le lecteur.
L’enfance, cassée par la peur et la violence des bombardements, la destruction, jour à jour, de Rouen, sa ville aimée. L’adolescence qui voit sortir péniblement des décombres des quartiers nouveaux et sans âme, Rouen meurtrie à jamais. La mort du père adoré qui achève la débâcle. Jacques s’engage bientôt pour l’Indochine ni par patriotisme ni par goût des armes - ces sentiments lui resteront toujours étrangers – simplement parce que tant de ruines le rendent incapable de décider d’un avenir quelconque. Là, il comprend vite que cette guerre n’apportera des deux côtés que douleurs et morts en charpie.
Enfin, Jacques agonisant, entouré des siens, tranquille devant la mort « … je n’ai pas vécu de travers et j’ai toujours regardé en face, alors si elle pouvait me prendre comme ça, gentiment, ça me ferait plaisir. »
Un beau livre, Jacques et les guerres, qu’il sait vaines, ravageuses mais toujours recommencées.