SEIGLE J-L : je vous écris dans le noir
« La malheureuse qui resta
Sur le pavé
La victime raisonnable
À la robe déchirée
Au regard d’enfant perdue
Découronnée défigurée
Celle qui ressemble aux morts
Qui sont morts pour être aimés »
Paul Eluard
Elle, c’est Pauline Dubuisson. Elle n’a pas dix-sept ans et, infirmière avant d’entreprendre des études de médecine, elle a été la maîtresse du médecin-chef allemand. A la fin de la guerre, méprisée, souillée, elle est face à une populace excitée par une tardive vertu, victime de la haine et de la violence. Si dans les faits, Pauline ne sera pas exécutée, elle gardera pour toujours cette blessure ancrée en elle. Quelques années passent, des hommes se succèdent et de l’un d’eux, elle tombe amoureuse. Puisqu’il la demande en mariage, la voilà amenée à lui apprendre l’épisode qui l’a détruite. Félix la rejette, l’insulte et Pauline l’abat. C’est un fait-divers, un vrai : Pauline Dubuisson a existé. Son histoire fut mise à l’écran par Clouzot (« La Vérité - avec Brigitte Bardot ») et Jean-Luc Seigle lui prête ici son écriture pour porter un éclairage sur sa vie. Une autre « vérité», peut-être mais plus nuancée et sans doute très crédible. Justice enfin faite pour cette femme que tant de bonnes consciences se délectèrent à condamner ?